Fin de SolMan en 2027, SAP Cloud ALM : où en sont les entreprises françaises ? Et vous ?
2027. Ce n'est pas si loin. Cette date marque la fin du support standard de SAP Solution Manager. La question qui se pose alors pour les entreprises utilisant SAP est cruciale : sommes-nous prêts à passer de SolMan à SAP Cloud ALM (CALM), son “remplaçant” ?
La transition n'est jamais simple, et l'adoption de CALM soulève de nombreuses interrogations. Est-ce une solution suffisamment mature ? Comment s'intégrera-t-elle à notre environnement existant ? Quels sont les REX des autres entreprises ?
Afin de répondre à ces questions, nous avons lancé une étude sur l'adoption de CALM via un questionnaire en ligne. Une opportunité de partager votre expérience, de découvrir les tendances et d'obtenir des informations précieuses pour préparer votre propre transition.
Source : SAP
La mort de SolMan… l’avènement de SAP Cloud ALM ?
Tout d’abord, un peu de contextualisation pour le lecteur qui ne serait pas familier du monde SAP.
SAP Solution Manager (raccourci en “SolMan”) est une plate-forme ALM, centre névralgique pour la mise en œuvre et la maintenance des solutions SAP. Il est utilisé par les administrateurs de systèmes qui souhaitent apporter des modifications à l’environnement SAP, surveiller les solutions en temps réel, intégrer de nouvelles solutions (on-premise ou Cloud), tester les mises à jour des solutions, documenter les processus d'entreprise, contrôler les droits d'accès et bien plus encore. Il s’agit de la principale solution administrative proposée aux utilisateurs SAP ; elle combine une série d'outils avec du contenu et un accès direct à SAP.
SolMan fait partie de chaque installation SAP et quasiment tous les clients SAP l'utilisent (mais pas tous, comme les 1ers résultats de notre étude le montrent…). Et SAP a annoncé la fin du support standard de cette solution pour 2027 et la fin du support étendu (payant) pour 2030.
Pourquoi remplacer une solution robuste et fiable
Une solution initialement destinée à l’informatique uniquement
SolMan a été lancé dans les années 2000 et servait initialement d'outil de mise en œuvre de projet et de système de soutien pour les solutions SAP uniquement. Les utilisateurs le trouvaient limité, car axé uniquement sur le département informatique et non sur les Métiers (voir ci-dessous).
Dans les versions suivantes, SAP a remédié à cette situation en permettant à SolMan de gérer non seulement les produits SAP, mais aussi les systèmes intégrés, les produits des partenaires et même les logiciels non SAP. En 2016, la version 7.2 a été rendue publique ; elle reste la principale version utilisée et c'est la seule version actuellement supportée par SAP. Des services packs intermittents pour la version 7.2 sont publiés régulièrement, le dernier en date étant le SPS 10, disponible depuis décembre 2019.
Une solution historiquement peu adaptée au Cloud
SolMan a été constitué au fur et à mesure de l’apparition de besoins, sans roadmap globale préalable :
1ère version de “SolMan” (pas encore désigné ainsi à l’époque) : un logiciel de bureau appelé ASAP, basé sur méthodologie SAP AcceleratedSAP (ASAP), vers 2000/2001, rapidement remplacé par GlobalSAP puis ValueSAP (2002 ?). Ces premières versions visaient à aider les équipes de mise en œuvre SAP à créer leurs solutions avec une meilleure compréhension de la conception des processus SAP et de la feuille de route du projet. L’accent était mis sur l’implémentation.
Ensuite, naissance de SolMan 2.0 avec la migration de la méthodologie ASAP vers la pile technique SAP afin de centraliser les efforts du projet au lieu d'avoir plusieurs installations de bureau du logiciel ASAP/ValueSAP et peut-être autant de représentations différentes de l'effort du projet. De plus, le transfert de la solution vers la pile SAP a permis de connecter le système au backend SAP pour améliorer le cycle de support.
Par la suite, version 3.1 (2003), 3.2 (2004), 4.0 (2005)/7.0 (renommage de la 4.0 en 2008, sans modifications, afin de s’aligner avec la numérotation de NetWeaver) avec amélioration de la capacité à fonctionner comme un centre de services, à gérer le cycle de changement et à être principalement la mémoire du projet en étant le référentiel de documents.
SolMan 7.1 a été disponible en 2011, et a connu de nombreux correctifs, avec des fonctionnalités qui ne correspondaient pas toujours aux attentes des utilisateurs.
SolMan 7.2, version actuelle et finale, est disponible en General Availability depuis 2016.
À mesure que les entreprises sont passées aux applications Cloud, les limites de SolMan sont devenues de plus en plus évidentes : la solution manque de l’agilité nécessaire pour gérer efficacement les environnements Cloud modernes. Sa conception monolithique est adaptée aux systèmes sur site ; il a évolué afin de prendre en compte des solutions hybrides et cloud, mais n’est pas “Cloud Native”. Avec des ERP on-premise qui tendent à être remplacés par des modèles Cloud, les limites technologiques de SolMan deviennent un frein.
Une solution chère à implémenter et maintenir
La licence SolMan est gratuite, mais l’installation et la maintenance peuvent revenir cher. Rien ne vaut l’expérience directe : vous trouverez ici (et aussi ici) le témoignage (en anglais) sur une installation de SolMan. Il est intéressant de souligner que l’entreprise en question utilisait déjà la précédente version de SolMan, mais qu’il a été décidé de faire une nouvelle installation plutôt qu’une montée de version, car plus facile (!) selon les équipes SAP elles-mêmes (!!). La nouvelle installation a pris entre 40 et 50 semaines pour 1 ETP (en comptant le decommissioning). De plus, une fois la nouvelle version installée, il a fallu recourir à des scripts personnalisés écrits à la main, scripts devant par ailleurs être contrôlés et vérifiés humainement, donc temps supplémentaire consommé. SolMan n’est donc pas si gratuit que ça dans les faits.
Source : SAP
SAP Cloud ALM, le nouveau SolMan ?
Ainsi, SolMan est robuste et fiable, mais indéniablement un peu complexe et peu adapté au Cloud. En mai 2020, SAP a donc officiellement annoncé le lancement de SAP Cloud ALM. En fait, une première mouture de SAP Cloud ALM avait fait son apparition fin 2018 via le portail d’implémentation de SAP S/4HANA Cloud. Cette version avait été déployée à une échelle limitée auprès d'un petit groupe de clients et enrichie petit à petit. Depuis le lancement officiel, de nouvelles fonctionnalités sont annoncées régulièrement. Elles sont réparties en 5 domaines : Business Transformation, Implementation, Operations, Service et Administration.
SAP Cloud ALM, tout nouveau, tout beau
CALM est conçu pour favoriser la collaboration entre les Lines of Business (LOB) et l'informatique grâce à une architecture Cloud native. Cette architecture offre une évolutivité, une flexibilité et une agilité accrues par rapport à SolMan, notamment pour l'intégration des applications Cloud. Entièrement géré par SAP, CALM simplifie la maintenance et les mises à jour pour les entreprises. En particulier, les mises à jour automatiques garantissent l'optimisation des solutions et la conformité aux normes. L'hébergement et le support assurés par SAP permettent de réduire les coûts opérationnels directs.
L'intégration de CALM avec d'autres solutions Cloud SAP, telles que SAP Integration Suite, SAP SuccessFactors et SAP Ariba, est plus simple et robuste qu’avec SolMan davantage axé sur les offres SAP “historiques”. De plus, afin de faciliter extensibilité et intégration, l’ouverture à des solutions tierces est favorisée grâce à de nombreuses API, contrairement à ce qu’expérimentait l’écosystème SAP jusqu’à peu. De nouvelles API sont proposées régulièrement selon la Roadmap CALM (cf. la slide 39 de cette présentation du SAP Cloud ALM Summit de septembre 2024).
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, donc ?
Source : SAP (2024)
Toutefois, si CALM se positionne comme le successeur de SolMan et que leur couverture fonctionnelle est assez proche, il ne s’agit pas d’une reproduction 1:1. La finalité de SolMan et celle de CALM diffèrent : on-site vs Cloud, customisation vs standard, rigide vs agile. SolMan permettait une personnalisation très poussée, alors que CALM ne le permet pas. Les capacités techniques de CALM sont également moins étendues que celles que proposaient SolMan.
Par ailleurs, des fonctionnalités importantes de SolMan ne sont pas prévues dans la roadmap de CALM (mais des alternatives sont proposées par SAP). Certaines des fonctionnalités qui étaient disponibles avec SolMan sont d’ailleurs considérées par SAP comme n’étant pas du ressort d’un ALM et donc non reprises ; ainsi, CALM n’outille pas le domaine Infrastructure puisqu’avec CALM celle-ci est censée être gérée directement par SAP.
SAP conseille à ses clients une adoption immédiate de CALM pour Service et Operations, plus tard pour Implementation (au rythme de la disponibilité des fonctionnalités). Toutefois, lors du SAP ALM SUMMIT EMEA 2024, il a été recommandé de continuer à utiliser SolMan pour certaines de ses fonctionnalités avancées (comme la gestion des changements avec ChaRM) tant que celles-ci ne sont pas reconduites dans CALM. Pour les entreprises ayant besoin de beaucoup de personnalisation et d'un contrôle direct sur leur configuration SAP, traitant de gros volumes de données, avec des landscapes vastes, …, CALM semble également moins adapté que Focused Run. Qui elle est une solution payante…
Source : SAP (2024)
Et vous, où en êtes-vous ?
Pour un de nos clients, nous avons mené une étude d’opportunité stratégique sur CALM. Après un certain nombre d’entretiens menés auprès d’experts SAP (clients et ESN), est apparu rapidement que la situation n’était pas aussi tranchée que ce que présentait SAP : “SolMan va mourir, vive CALM !”. Les personnes que nous avons rencontrées étaient par définition renseignées sur CALM, mais peu d’entreprises semblaient prêtes à se lancer dans l’aventure. Un point qui ressortait souvent était une réticence à passer complètement en Cloud en particulier pour le secteur de l’Industrie.
Afin de disposer d’une vision plus complète et plus claire, nous avons donc lancé une étude en février 2025 sur l'utilisation de SolMan et l'adoption de CALM auprès des entreprises françaises. Une invitation à répondre à un court questionnaire (moins de 10 minutes) a été envoyée à plus de 1 580 professionnels des systèmes d'information, répartis dans 352 entreprises françaises de toutes tailles (les profils ont été sourcés manuellement sur LinkedIn). Cette enquête a vocation a être reproduite tous les 6 mois, afin de mesurer l’évolution de l’adoption de CALM.
La fin de la collecte des réponses est prévue pour fin mars 2025, mais nous avons déjà pu récupérer un certain nombre d’information auprès de répondants dont voici le profil et un des sujets abordés (la roadmad de projets CALM) :
Source : Syntropy, Enquête sur l’adoption de SAP Cloud ALM (2025 S1)
Les questions posées concernent :
le contexte de l’entreprise (secteur, effectifs, taille de l’équipe SAP)
le rôle du répondant (liste fermée)
l’environnement SAP (externalisation du RUN et/ou du BUILD SAP, recours à SolMan et pour quelles fonctionnalités - liste fermée synthétique)
le recours actuel et prévu à SAP Cloud ALM, pour quel domaine (Business Transformation, Implementation, Operation, Service, Administration)
les raisons d’un non-recours à CALM avec plusieurs choix possibles dans la liste suivante :
Fonctionnalités manquantes par rapport à Solution Manager
Manque de maturité de la solution
Préférence pour une solution tierce
Manque d'information
Réticence à adopter une solution Cloud
Non adapté à notre environnement
Manque de possibilité de customisation
Autre
En contrepartie de leur participation, les répondants recevront en exclusivité les résultats détaillés de l’enquête (tels que l’adoption CALM en fonction du secteur ou de la taille). Ces informations peuvent leur permettre de comparer leur situation à celle d'autres entreprises de leur secteur/taille/type de fonctionnement, ce qui est parfois difficile à faire à partir des éléments fournis par SAP ou à collecter en interrogeant les pairs.
Quelques précisions importantes sur les modalités de l’enquête :
Confidentialité : les données collectées sont traitées de manière anonyme et ne seront en aucun cas transmises à des tiers ; elles ne donneront pas lieu à une démarche commerciale.
Exclusivité : cette étude s'adresse aux professionnels travaillant au sein d'entreprises utilisatrices de solutions SAP (employés ou prestataires).
Périmètre : seules les entreprises dont le siège social est situé en France ont été sollicitées par soucis de simplification.
En conclusion…
Si vous avez envie d’en savoir plus sur cet état des lieux de l’adoption de SAP Cloud ALM en France (et que vous travaillez pour une entreprise qui utilise SAP !), il ne vous reste qu’une simple chose à faire : participer à l’étude en répondant au questionnaire (il existe même une version en anglais en sélectionnant la langue en haut à droite).